Quelques voix proposent d'utiliser la vigne pour faire de l'éthanol carburant. Est-ce bien raisonnable ?

Un collègue hollandais me demandait récemment pourquoi, au lieu de subventionner l'arrachage d'hectares de vignes dans le Sud de la France, on ne ferait pas mieux de les reconvertir en éthanol pour faire du carburant.

La question paraît incongrue au premier abord, mais mérite réflexion. Il y a peu de références sur la question, notamment sur la pertinence énergétique de cette filière. Le seul précédent concerne la distillation d'excédents de production de vin, d'un coût assez exorbitant.

A première vue la filière est fortement désavantagée par son faible rendement par rapport aux autres filières (blé ou betterave): les vignobles actuels produisent autour de 1,6 tonne/ha de sucre contre 7 à 9 t/ha pour la betterave. De plus le bilan énergétique grevé par les nombreuses interventions nécessaires, notamment les traitements phytosanitaires qui entraînent une pression importante sur le milieu, difficilement compatibles avec la production de biocarburants.

E. Duchêne (INRA Colmar) reconnaît tout de même que l'utilisation de variétés résistantes et à fort rendement constitue un scénario qui mériterait au moins d'être évalué sur le papier, dans des zones pédoclimatiques où il y a peu d'alternatives à la vigne (du moins en termes de grandes cultures). Ceci pour tirer parti de ses faibles consommations en eau en en azote. C'est un argument également mis en avant par les producteurs de l'Aude. A comparer avec les scénarios du type taillis à courte rotation - en sachant que les procédés de transformation de la ligno-cellulose en éthanol ne seront pas au point avant une dizaine d'années.

A suivre donc....