L'intérêt des agri-carburants (issus de l'agriculture) en termes d'économie d'énergie fossile et d'émissions de gaz à effet de serre, même si régulièrement débattu, est démontré. Mais qu'en est-il des autres types de pollution, typiquement liées à l'activité agricole (pertes de nitrates, contamination par des pesticides, ..), qui ont lieu au niveau du territoire de production de la matière première végétale ?

Le texte ci-dessous reprend un message envoyé à un élu local s'inquiétant des impacts du développement des agri-carburants (surtout bio-diesel de colza) sur le territoire.

"Voici quelques éléments, concernant a/ les polluants azotés (dont pertes de nitrate), b/ les herbicides (et leur éco-toxicité), et enfin c/ d'autres impacts écologiques.

A/ Nous avons comparé par simulation différentes rotations (avec ou sans colza), et trouvé que la présence du colza n'induisait des émissions de polluants azotés significativement plus fortes ou plus faibles (cliquer ici pour le rapport - même si la lecture risque d'être un peu fastidieuse). Dans un autre projet, nous avons aussi examiné les pertes de nitrate sous des rotations blé/colza, et montré qu'une bonne gestion de l'interculture entre colza et blé permettait de réduire fortement les pertes en nitrates.

b/ Nous avons fait le même type de comparaison pour les herbicides, entre rotation colza-blé-betterave-blé et monoculture de maïs, et trouvé une pression sur l'environnement légèrement plus faible dans le cas de la première rotation (thèse de Laure Mamy, 2004).

c/ il y a d'autres volets qualitatifs à prendre en compte, notamment l'impact écologique sur les 'auxiliaires' (les animaux ou insectes qui 'vivent' sur le champ cultivé). Il se pourrait par exemple que le pollen du colza soit trop pauvre en azote pour les abeilles, comparé au pollen d'autres cultures.

Il y a aussi l'impact sur l'érosion des sols, la structure physique des sols, la biodiversité animale, floristique, etc... Un récent rapport de l'agence de l'environnement Européenne classe les cultures énergétiques de ce point de vue (p. 63 pour le colza).

Les indicateurs sont en général moyens pour le colza, mais pas pires que ceux des grandes cultures qu'il remplace (maïs ou blé). Pour terminer, un des intérêts du colza est qu'il assure un haut retour de matière organique au sol (environ 7-8 tonnes de pailles/an). Ce qui permet de stocker un peu de carbone (ie un puits de gaz à effet de serre), et de maintenir la qualité microbiologique et physique des sols."