Départ le Jeudi 11 Avril matin à l'aube (5h30) d'Aix-les-Bains, trajet en voiture jusqu'à Bonneval – départ skis aux pieds au pied des pistes de ski de descente, montée vers le refuge Carro en remontant la vallée de l’Arc jusqu'au village des Ecots, où nous bifurquons à gauche pour remonter un vallon qui se termine par un cirque rocheux agrémenté d'une belle cascade (cabane). Le chemin direct de montée au refuge traverse des pentes quelque peu déneigées sur la droite, mais nous choisissons d'agrémenter la journée par le tour de l’Ouille de Gontière, un pain de sucre qui surplombe le refuge à plus de 3200 m d'altitude. Nous montons une succession de croupes enneigées, au -dessus du cirque, puis partons vers une combe à main gauche qui amène à un col à 3150 m (ie après avoir grimpé environ 1300 m de dénivelé depuis Bonneval – pas mal pour une remise en jambes!) Je coule une bielle (selon l'expression consacrée) 300 m en dessous du col, il fait très chaud dans cette combe orientée plein Sud, le sac à dos commence à peser, la fatigue de la courte nuit se fait sentir et le petit-déjeuner est un lointain souvenir... Heureusement, Stéphane n'est pas loin au-dessus, et accepte de me soulager de la corde – élément de sécurité collective que j'avais mis dans mon sac d'un geste à la fois négligent et magnanime... L'autre Stéphane (dit Stéph), ne me voyant par arriver au col, descend à ma rencontre et me prend mon sac à dos pour la dernière pente. Ouf ! Arrivé au col je constate que mon casque a profité d'une pause pour se libérer de la toile qui sert à l'arrimer à l'arrière de mon sac à dos (anti-avalanches) tout neuf. Désarroi... en scrutant la trace de montée à la jumelle (prêtée par Freddo) je crois apercevoir le casque et Stéph (obligeant) fonce dans la pente ski aux pieds pour confirmer. Je descends l'accompagner pour profiter d'une descente sans sac sur de la neige tout juste transformée – et d'une remontée de 100 m, autant dire une paille... La descente vers le refuge, sur de la neige encore durcie par le gel nocturne (en versant N) est rapide et permet des vues panoramiques sur la traversée du lendemain.

Samedi 12/4 – Traversée Carro-Evettes

Montée vers le col des Patriotes, à environ 400 m au-dessus du refuge, vers le NW. Très beau temps, ciel dégagé. Une combe étroite nous permet de descendre vers le glacier des Sources de l’Arc, puis nous traversons le cirque formé par celui-ci vers l'E pour remettre les peaux à l'aplomb du 2ème col de la journée (sur un total de 4), col donc dit de Trièves à environ 3000 m d’altitude. La montée par un raidillon est suivie d'une traversée à gauche vers une épaule qui constitue le col. Une fois celui-ci franchi, nous descendons légèrement pour prendre pied sur le glacier du Mulinet, que nous traversons sur environ 2 kms (en faux-plat) pour gagner le 3ème col (du Grand Méan). Magnifique panorama sur les aiguilles de la Levanna (en amont) et les sommets italiens (vers le N). Au col nous observons un groupe d'une vingtaine de skieurs expérimentant la remontée de crevasse depuis une corniche de neige. Stéphane propose la première variante du jour, consistant à remonter vers une petite fenêtre à main gauche pour profiter d'une belle pente de neige transformée en contrebas (orientée S). Belle vue sur les sommets italiens (côté S cette fois) depuis la fenêtre, avec une bonne brise... Nous entamons la descente vers le refuge des Evettes, après une 2ème remontée sous une barre de rocher (pour profiter d'une autre pente assez raide), et enfin un petit promontoire qui donne en plein sur le cirque de la grande Ciamarella (sans moi pour cette dernière variante....) Descente par une combe très ouverte en bonne neige transformée, surtout des plaques jaunies par les dépôts récents de sable du Sahara, avant une dernière remontée pour atteindre le refuge, au-dessus du lac éponyme (?)

Dimanche 13/4 – Evettes – Rif. Gastaldi via la selle de l'Albaron

Départ dans le brouillard, il neigeotte mais la visibilité est bonne. Nous re-traversons le lac de la veille (mais cette fois en direction du S), puis remontons le vallon qui vient buter sous les pentes de l'Albaron. Celles-ci sont coupées de magnifiques barres de sérac bleutées, qui scintillent quand le soleil finit par se montrer (à mi-pente pour nous). La trace se faufile entre ces barres (heureusement une arête nous protège des chutes de séracs) puis gagne une vague bosse de neige (la selle) via une traversée vers la gauche qui n'en finit pas. La selle apparaît enfin en contrebas de la trace, qui se dirige en fait vers un ilôt rocheux sous l'arête de l'Albaron. Nous posons les skis et partons (Freddo, Stéph et moi) vers le sommet pré-cité qui se situe à environ un km de là. L'arête est très aérienne et fort belle, dominant les vallées et sommets environnants à 360 degrés. Pentes de neige vertigineuses de chaque côté. La descente sur le refuge Gastaldi (via la selle) est en bonne neige, je suis bien content d'être passé par là l'été dernier (pour un tour de la Bessanaise plutôt alpin !) pour pouvoir repérer quand quitter le vallon qui descend sur la vallée italienne et tirer à droite vers le collu qui mène au refuge. L'accueil par Roberto est 'ottimo', comme d'habitude, de même que la gastronomie italienne (tant vantée à Fred, qui n'était pas de la partie l'an dernier). Qui plus est, nous avons le refuge à nous tout seuls !

Lundi 14/4 – Gastaldi – Bonneval via le passage du Collertin et le sommet de l'Albaron

Journée la plus technique du raid ! Nous attaquons tout d'abord par le 'passage du Collerin', un col-couloir très raide (courte section à 40°), orienté plein E donc rapidement en mauvaise condition. La neige avait en effet déjà ramolli à notre passage à 9h du matin. Je m'échine à passer à ski mais les conversions sont parfois acrobatiques, et forcément nombreuses dans l'étroit passage. Les autres préfèrent mettre les crampons mais brassent rapidement dans la neige trop molle. Nous descendons ensuite en traversée vers la trace de montée vers l'Albaron depuis le refuge Avérole, en contrebas. La trace termine par une bosse assez raide (30-35°?) que la plupart des skieurs finissent à pied, grâce à de bonnes marches (mais à ski cela passe aussi – il suffit d'aimer les conversions en terrain pentu!)

Du haut de la bosse on se dirige vers le sommet par une écharpe ascendante à gauche pour atteindre une pente raide puis gagner la base d'une cheminée rocheuse, 20 m sous le sommet. Le passage est équipé de crampons style via ferrata, agrémenté d'une vieille main courante dont la gaine a rendu l'âme (ou l'inverse?) juste au pas crucial, un rétablissement en haut de la cheminée avec pour seule prise de main une inversée vaguement fuyante. Le bout de corde que nous avions porté jusque là n'est pas inutile... Très belle sur sur le Viso au sommet (entre autres), puis embouteillage pour le rappel de descente - finalement la désescalade ça a du bon! Le groupe de divise en 2 pour la descente : glacier du Valonnet pour Stéph et Freddo, et Col du Grand Fond pour Stéphane, Fred et moi. Bonnes conditions dans les 2 cas (mais mieux vaut apparemment avoir des traces pour le Valonnet, à l'itinéraire peu évident – sans compter les récentes chutes de séracs dans le crucial goulet final). Côté Grand Fond la neige disparaît autour du point 2300 m, il reste près de 500 m à descendre jusqu'à Bessans (sans compter les 7 kms de route jusqu'à Bonneval!) Heureusement Fred ré-invente le ski sur l'herbe, et nous tombons rapidement sur un bon sentier qui nous ramène à l'entrée de la vallée... où Freddo et Stéph ont eu la gentillesse d'amener la voiture !

Au total, une superbe balade avec des conditions idéales, et des étapes très variées dans le style et les paysages ! (et un grand merci aux organisateurs!)