Guide: Julien Duverney

Conditions météo: parfaites (grand beau, pas de vent, températures douces).

Départ 7h30 Aiguille du Midi (3ème benne, queue aux caisses le matin – j'ai coupé la file grâce au guide. Mieux vaut prendre sont forfait la veille ou en tout cas réserver).

Retour 17h30 à l'Aiguille.

Arrivée en bas du Grand Cap vers 8h30, passage de la rimaye sans problème (bouchée rive gauche du couloir), attaque à 9h.

Avons progressé corde tendue dans les gradins en 3, pour doubler une cordée de Russes devant, puis fait un relais sur pitons avant la traversée vers le dièdre des Suisses (L3 avec un bon pas de 5+ pour contourner un gros bloc au-dessus du relais et se rétablir sur une belle dalle à droite. 2 pitons, les pitons du relais sont même bien utiles pour mettre un pied pour traverser). L4 est le premier crux de la voie (6a), fissure plutôt franche pour les mains et knobs noirs protubérants pour les pieds. Le pas dur se négocie au moyen d'un verrou de pied droit dans la fissure, une adhérence sur des cristaux rouges pour pied gauche et une bonne poussée pour attraper une prise bien crochetante à l'intérieur de la fissure – mais légèrement humide... Ensuite traversée à gauche sur une bonne écaille et rétablissement sur la plateforme du relais. Fissure en 6A (L4) Les 2 longueurs suivantes (L5 & L6, rampe couchée se redressant progressivement) amènent à une 'confortable terrasse' (d'après les topos), qui en l'occurrence est enneigée (relais commun avec O Sole moi), au pied de la Paroi Rouge. Départ du relais sur une dalle à droite, puis une fissure plus raide nous rapproche des surplombs de la voie des Suisses – peu engageants, d'autant plus que d'après Julien les pitons de ce passage ont la fâcheuse réputation de sauter tout seuls. C'est là qu'a lieu la jonction avec O'Sole moi, qui se caractérise par la présence d'une belle plaquette de 10 au départ de la longueur suivante (L8), avant de rejoindre la fissure sur le pilier. Une fissure traversant légèrement à gauche (L9) nous rapproche des surplombs, puis O'Sole Mio se décale légèrement à gauche pour les éviter (L10). Julien tâtonne pour trouver la bonne fissure, finit par la localiser (à 2 m à gauche du relais), monte de quelques mètres et place 2 friends côte-à-côte avant de se lancer dans le crux - un bon pas de 6a. La section qui suit est plus facile, et aboutit au pied d'un dièdre couché dans lequel se balance une vieille sangle. O Sole moi traverse franchement à gauche sous ce dièdre (3 plaquettes rapprochées), par quelques pas fins aux prises de main peu évidentes (bien tâtonner pour trouver quelques réglettes correctes pour la main droite), jusqu'à la bonne fissure main gauche qui sauve (1 m à gauche de la 3ème plaquette). Cette fissure mène à une plateforme au pieds des derniers gradins sous-sommitaux, qui se franchissent à droite d'un piton rocheux très raide, en 2 longueurs faciles, que nous passons corde tendue. Départ de L7 (dalle puis fissure raide)

Sommet à 13h05 (4h d'escalade en tout pour 13 longueurs, bon rythme...). Vue magnifique sur la Tour Ronde, Peuterey et l'Aiguille Blanche, le Mont-Blanc, la dent du Géant et les Grandes Jorasses... Le Trident voisin semble minuscule sous nos pieds.

Nous enchaînons sur la descente, en essayant d' »optimiser » les manoeuvres de rappel pour attraper la dernière benne de l'Aiguille du Midi (18h en principe). Un premier rappel nous amène au pied des gradins sous le sommet, 2 autres à la plateforme en bas de la paroi rouge, en descendant en fil d'araignée le toit en 6b+, crux de la voie O Sole Mio. 2 rappels en diagonale à droite (vers le couloir de l'Aiguillette) nous ramènent dans les gradins du début de la voie et au relais de départ, où nous avions laissé nos affaires de glacier. La goulotte neigeuse que nous avions remontée le matin pour arriver là est devenue un déversoir par lequel les pierres descellées par le dégel de l'après-midi sont précipitées vers le glacier en aval. Il est temps d'aller vérifier la rumeur selon laquelle une ligne de rappels a été équipée récemment dans les rochers bordant le couloir en rive gauche, permettant même de passer directement la rimaye. La confirmation arrive rapidement de Julien, sous forme d'un bon relais chaîné, et quelques minutes plus tard nous pendulons quelques instants sous la lèvre supérieure de la rimaye – bien ouverte à cet endroit-là, et prenons pied sur le glacier du Géant. Il est 15h30, impossible de rejoindre la benne de l'Helbronner avant 16h. Nous décidons de nous rabattre sur l'Aiguille du Midi, 5 km et 600 m plus haut (car il nous faut redescendre vers le plateau central du Glacier du Géant, à 3200 m). 2h de marche rapide, heureusement sans crampons car la neige molle le permet, nous franchissons le portillon séparant la zone alpine des touristes venus apprécier l'ambiance de la haute altitude depuis la plateforme panoramique. Ce jour-là la plateforme a fait le plein et les bennes tournent à plein régime - et au-delà de l'heure de fermeture théorique de 18h – pour redescendre les hordes d'amateurs des cimes. La promiscuité des bennes, combinée surtout avec le fait que j'ai rien mangé de consistant depuis mon petit-déjeuner à 5h du matin et la fatigue de la course font que je tombe littéralement de sommeil dans la dernière benne... heureusement un peu d'eau et l'ingurgitation de mon pique-nique me remettent rapidement d'aplomb. Les saucisses du barbecue de la veille, qui ont fait elles aussi le Grand Cap, ont un goût délicieux !