Un éminent climatologue m'a récemment posé la question du bilan 'gaz à effet de serre' de l'agriculture biologique, par rapport à l'agriculture dite conventionnelle (non biologique).

Ci-dessous quelques éléments, qui sont loin de fournir une réponse définitive et constitutent plutôt des pistes de réflexion.

En général les comparaisons entre "bio" et conventionnel depoint de vue du bilan GES (via l'analyse de cycle de vie) tournent au désavantage du bio du fait de ses rendements plus faibles, notamment pour les productions animales (voir la méta-analyse de Seufert et al. pour les productions végétales, qui conclue à un écart relatif de 13% ) 34%). L'agriculture bio n'a d'ailleurs pas été retenue dans l'expertise INRA sur la réduction des GES agricoles (mais aussi et surtout car son potentiel de développement était jugé trop faible pour être significatif).

Les bilans ci-dessus omettent en général (faute d'estimations précises en fait) la capacité des systèmes bio à faire augmenter le carbone des sols, via les engrais organiques, les restitutions de résidus de récolte, le maintien des prairies pour les ruminants etc... or c'est un point fort du bio, et un point clé dans les bilans GES agricoles. Donc l'un dans l'autre le bio doit conserver un intérêt par rapport aux émissions de GES (à étudier de plus près !)

Un dernier point est que, les rendements étant encore une fois plus faibles en bio en moyenne (cf ci-dessus), il faudrait en toute rigueur examiner les effets sur les changements d'usage des sols, en termes de compensation, qui risquent de grever le bilan du bio. Un récent 'working paper' de Jean-Christophe Bureau estime que si 20% des surfaces en blé, colza et maïs passaient en bio à l'échelle de l'Europe, ces effets auraient pour résultat une émission nette de 62 millions de tonnes de CO2 (soit 8 tonnes par hectare converti en bio, ce qui n'est pas néglieable - attention il faudrait ensuite 'annualiser' cette dette carbone).

Bref, le bilan est un peu mitigé - clairement la justification du bio n'est pas forcément à chercher du côte du climat, en tout cas du point de vue agricole ce n'est pas le "silver bullet"