Ascension du pilier Chèze avec Thierry, le 17 juillet 2021

Départ matinal après un lever à 4h30 (tout le monde est au même tarif ce matin-là, le gardien - très sympa au demeurant - préférant simpliflier la logistique du petit dèj des alpinistes - OK nous avons 3 heures d'approche, mais le pilier, bien que plein Sud, ne prend le soleil qu'à partir de 9h30... ce qui permet de démarrer la grimpe à la fraîche !)

Tête Sud du Replat vue depuis l'approche. Le pilier Chèze prend tout juste le soleil à droite du sommet. L'attaque se situe légèrement à gauche de l'aplomb du pilier.

Après une montée sans histoires à part le passage du verrou glaciaire (style moraine péteuse) qui défend le cirque Gandolière - Têtes du Replat, nous tirons une petite longueur en haut du "névé pentu" (topo dixit) qui borde l'attaque. La pente avoisine les 40 degrés, et la petite plateforme du R0 officiel nécessite de passser un bourrelet de neige encore plus raide donc j'improvise un R00 sur coinceurs (C 0.2+0.3) un peu en contrebas, au niveau de la roture/rimaye. Je troque les grosses contre des chaussons, refile les crampons à Thierry (et une chaussure - merci à Thierry pour avoir assuré le portage jusqu'au sommet !), puis retrouve le "couloir large et facile" de la L1 après avoir contourné un petit ressaut. Je profite d'une petite terrasse pour faire un R0 bis (sur piton + sangle) en haut dudit couloir, avant le début des difficultés (petit éperon qui borde le couloir à main droite).

Thierry arrive au R0bis, en haut du couloir facile de début de la voie.

La longueur d'après commence par 2 pitons (plus sangles pour ceux qui veulent artifer), puis traverse légèrement à droite après 10 mètres pour arriver au R1 du topo C2C (sangle) - que je préfère ne pas sauter pour éviter le tirage. La voie continue plus ou moins au-dessus de ce relais, en tirant à droite - quelques pitons, un pas de sortie intéressant avec une bonne inversée, puis on se retrouve dans un couloir large et très facile. Je rate un relais en haut à gauche du couloir (pitons + sangle), et me pose pour le R2 en haut à droite, sur une échine plate (relais sur sangle). Il y a bien un couloir à droite qui nous sépare du fil du pilier, mais je n'ai pas vu où faire le relais sur coinceurs du topo C2C. En revanche ce relais TA est idéalement placé pour la suite, même si "rejoindre le fil du pilier" m'a donné pas mal de "fil" à retordre...

L'énigme de la 3ème longueur

De R2 nous voyons un relais sur pitons + cordelette blanche et rouge posé à califourchon sur le fil, qui est donc bien notre R3, sans ambigüité possible... Le topo C2C indique sobrement qu'il faut "rejoindre le file de l'arête principale" mais il faut traverser à droite soit par une dalle sans prises, soit par passer un ressaut plus que vertical sous la dalle. J'explore en haut (une vague cordelette blanche et bleue semble indiquer une réchappe), en bas, à droite (2 couloirs-dièdres très raides) et à gauche (dièdre couché). Et pas un piton en vue... Après une heure de tatônnements, notamment eu égard à l'aspect improtégeable de la traversée de la dalle, la solution vient du topo Cambon ("traversée en 3b puis dièdre en 4c"). En fait la solution est un peu plus subtile: il faut bien basculer à droite depuis le R2 (vers le couloir qui est sous le relais), puis remonter dans l'axe du relais (dièdre couché qui se protège bien), mais ensuite traverser franchement à droite pour prendre de bonnes inversées et franchir la lèvre de la dalle sur de très bonnes écailles en direction du relais (petit pas de 5b qui se protège facilement avec un C1 et/ou C1.5).

Voilà, vous venez de gagner une heure sur l'horaire de la course...

Suite (longue) et fin.....

Arrivée à R4 (juste avant la traversée vers le fil W de l'arête).

L4 conforme au topo C2C ("traverser à droite puis monter tout droit - pitons... ") à part que je n'ai rien vu pour faire relais côté gauche (W) du fil. Je conseille fortement d'utiliser le relais sur pitons qui se situe côté E juste avant la traversée du fil. De là la L5 fait une longue boucle en demi-cercle pour retrouver le R5 sur le fil de l'arête (relais sur sangle - d'ailleurs nous avons laissé une belle sangle grise sur l'un des bécquets): traversée à gauche après le relais (aérien et magnifique - 2 pitons), puis couloir facile pour récupérer le fil (R5, sans avoir à "grimper sur le fil" comme le dit le topo C2C). Il y a un tirage de folie depuis R5, clipper un seul brin peut aider...

Arrivée à R6, sur le fil du pilier...

La L6 de C2C (qui va jusqu'en "haut du gendarme") est très longue (50 m?), j'ai fait un relais intermédiaire (sur piton + sangle) 15 m en dessous du gendarme, au niveau d'un gros rognon sculpté genre taffoni corse... Le haut du gendarme s'atteint en contournant auparavant la partie surplombante par la droite (carré jaune peint pour indiquer le passage - merci aux baliseurs !). Super grimpe en 3D, en écart sur les vasques de granite mordoré creusées par l'érosion.... R6 (sur sangle) plein gaz, à pratiquer à califourchon sur une marche posée sur le fil de l'arête.

Fin de L7 et des difficultés...

Superbe L7 dans une dalle rouge éclarate bien prisue, facile à protéger (petit Friend coincé en place), avant d'arriver sur l'arête plate qui relie le pilier Chèze à l'arête principale de la Tête S (R7 sur sangles - fin des difficultés !)

Traversée et retour au cirque

Descente du col du Replat.

De R7 j'ai fait une longueur en corde tendue jusqu'au sommet de la Tête S du Replat (avec un petit arrêt intermédiaire avant le petit mur final). Terrain relativement péteux (typique de l'Oisans!) mais facile à protéger avec sangles et coinceurs. L'arête NE était en partie en neige, très jolie. Nous avons opté pour la descente rocheuse du col du Replat (prendre à droite 20 m avant le collu en neige - cairns visibles en contrebas à main droite). Le collu lui-même était praticable visiblement (enneigé) - ce qui facilite et raccourcitf la descente. Retour en crampons dans le cirque glaciaire, avant le passage du verrou et de belles longueurs de ramasse dans les névés du vallon sous l'échine de la Gandolière. Une belle bambée sur le fil des taffoni et les arêtes du Replat - merci Robert Chèze !